Réunion des Chefs d'Escadrilles

Après le banquet, R'bach n'avait pas pris le temps de se reposer. Il avait enfouché Dorignyth, qui avait quitté Zaelth avec beaucoup de rétiscence, et ils s'étaient envolés à la réunion des chefs de weyr qui s'était déroulée suite à la première chute du passage.

De retour à Kyr'naël, il s'était immédiatement rendu dans les appartements que lui et Erell occupaient car il devait préparer la réunion des chefs d'escadrille pour les informer de ce qui avait été décidé et de la ligne de conduite à prendre pour la suite des événements. Une fois que tout fut prêt, il se rendit dans la chambre. Il voulait absolument éviter l'erreur qu'il avait faite la veille en laissant un mot froid à Erell. Il resta un long moment à la regarder tendrement, ne sachant trop comment s'y prendre pour la réveiller. Reprenant l'habituelle lueur froide dans ses yeux, il posa gentiment la main sur l'épaule de la dame dorée. Apparemment, elle ne devait pas dormir car elle répondit très vite à son signe.

"J'ai fini de préparer la réunion des chefs d'escadrille. En tant que Dame du Weyr et chef de l'escadrille des reines, j'aimerais que vous y assistiez. Vous pouvez me rejoindre à la salle de réunion dès que vous serez prête. En attendant, je vais demander à Dorignyth de convoquer les autres chefs d'escadrille."

A la demande de son maître, le grand bronze, qui avait repris sa place auprès de Zaëlth s'exécuta.

{{**A Korenth et Lyroth** Vos maîtres sont attendus en salle de réunion.}}

Pendant ce temps, R'bach, de son pas énergiques, les semelles de ses bottes claquant sur le sol pierreux du weyr avait pris le chemin de la salle de réunion où, lorsqu'il y fut parvenu, il s'assit dans le grand siège de pierre qu'avaient toujours occupé tous les chefs de weyr avant lui. Tout à fait conscient des responsabilités qui lui étaient arrivées sur les épaules depuis que Dorignyth avait couvert Zaëlth, c'est en prenant cette place qu'il fut totalement conscient qu'il était finalement devenu Chef d'un weyr.

Lyroth et J'ay volaient tranquillement au-dessus d'une superbe forêt, à bonne distance de Kyr'naël, lorsque le bronze reçut le message de Dorignyth. Cet ordre signifiait évidemment que la balade aérienne était terminée, et ce ne fut pas sans regret que le dragon transmit le message à son chevalier.

(Dorignyth dit que vous êtes convoqué en salle de réunion. Nous retournons au Weyr ?)

J'ay ne répondit pas immédiatement. Etre convoqué par le Chef du Weyr n'était pas nécessairement une bonne nouvelle pour lui. Dans son Weyr natal, lorsqu'il était Chef d'Escadrille, il avait l'habitude d'être ainsi appelé par les plus hauts dirigeants ; mais la dernière fois qu'il avait mis les pieds dans la grande salle de réunion de Delani, c'était pour donner le compte-rendu de son ultime séance d'entraînement (désastreuse) et entendre les Chefs mettre ses compétences en doute. Erell lui avait donné sa chance, mais est-ce que R'bach serait de son avis ?

(Nous retournons au Weyr ?) insista Lyroth.

(Bien sûr. Ramène-nous là-bas) répondit le chevalier, en lui transmettant l'image du Bassin du Weyr.

Le bronze bondit immédiatement dans l'Interstice ; trois respirations plus tard, son maître et lui étaient à Kyr'naël. J'ay savait qu'il avait intérêt à arriver à l'heure à la réunion, pour faire bonne impression sur R'bach. Mais si Lyroth avait rattrappé Zaëlth pendant son vol nuptial, il n'aurait pas eu ce genre de problèmes !

(Les autres bronzes avaient des ailes plus longues que moi)

(Je sais. N'en parlons plus) lui confia J'ay, sentant à quel point son partenaire était vexé.

Un instant plus tard, le chevalier-bronze pénétrait dans la salle de réunion, son casque sous le bras. Obéissant à une vieille habitude, il fit claquer ses gants sur sa cuisse lorsqu'il fut face à son supérieur.

"Vous m'avez convoqué, seigneur R'bach ?"

Erell se reposait enfin. Contente d'avoir quelqu'un de compétent pour l'epauler et la conseiller lorsque la tâche de dirigeante devenait trop dure. Toutes ses septaines à gouverner seule, elle qui avait la solitude en horreur l'avaient epuisée tant physiquement que moralement. Elle dormit donc d'une traite jusqu'à une heure avancée. Elle avait sentit lorsque R'bach était entré dans ses appartements et son regard tendre, si elle ne l'avait pas vu, s'etait fait sentir à travers les brumes du sommeil. C'etait agréable de sentir le regard de quelqu'un. Pour un peu Erell se serait crue désirée. Mais d'apres ce qu'elle voyait de R'bach, c'etait loin d'être le cas. Seul l'interet que portait Dorignyth à Zaëlth montrait à la dame dorée que le chevalier bronze ne la detestait pas.

Aussi lorsqu'il posa gentiment sa main sur son epaule, elle ouvrit les yeux immédiatement. Elle ne répondit pas à son compagnon, se contentant de noter avec un sourire amusé qu'il avait retenu la lecon de la reunion. Plus de mots sur un bureau ! Même si cet air froid n'etait pas ce qu'il y avait de plus agréable au reveil.

Avant qu'elle n'eut le temps de répondre, il avait tourné les talons et faisait résonner ses pas assurés sur le sol de pierre.
La jeune dame, elle; se leva dès qu'il eut quitté la pièce. (Ils avaient partagés une même passion lors du vol et partagaient la ^même couche mais elle restait tres prude et n'aimait pas se montrer nue à R'bach.) Elle choisit sa tenue avec soin, consciente qu'on lui demandait autant d'être belle que sage et forte, brossa rapidement ses cheveux, enfila une robe d'un bleu argenté qui mettait ses yeux en valeurs et soulignait sa taille fine, une paire de sandales legeres et un collier d'argent avec un dragon en pendentif.

Sachant qu'elle avait un tout petit peu de temps avant que tout le monde n'arrive (elle voulait être la dernière, parce que R'bach serait le premier.), elle se faufila jusqu'à la corniche, entre le bronze et la dorée qui prenait peu à peu une couleur plus terne, propre aux reines grvides. Bientot elle allait enfler, voler avec difficulté et se montrer de plus en plus irrascible. Erell le savait, ce n'etait pas sa premiere ponte !
Elle carressa doucement le museau de sa reine qui semblait ravie d'être ainsi coucounée par le seul bronze qui avait su la rattraper !

(Tu semble heureuse ma belle, plus que d'habitude.)

[Dorignyth est un bon dragon, et son maitre R'bach l'est egalement, vous devriez le laisser vous rattraper]

(Je ne veux être rattrapée par personne, tu le sais Zae. Mais profites toi, c'est bon d'être le joyau de quelqu'un.)

Se détournant, elle secoua la tête pour chasser les pensées tristes et amères que cette conversation avait invité dans son esprit et se concentra sur son travail. Les chefs d'escadrille avaient du arriver à présent !

Elle se rendit donc dans la salle et fut surprise de voir que seuls R'bach et J'ay étaient présents. Elle salua le chevalier avec un sourire. J'ay etait un cas critique mais un bon chevalier. Il faisait partit de ces nominations qu'elle n'etait pas sure de voir R'bach valider. Enfin, ils en discuteraient plus tard. Elle prit place sur un siege à droite du chef de Weyr.

"Prenez place, chevalier J'ay, nous attendons les autres chevaliers d'escadrille avant de commencer la réunion."

Les mains posées sur l'accoudoir, elle ne jeta qu'un regard neutre à R'bach. Elle lui laissait le pouvoir certes mais tenait a avoir son mot à dire. Hors de question de se laisser gouverner comme une enfant.

R'bach était assis à la place du chef du weyr, farfouillant dans ses papiers, en attendant que les chefs d'escadrille arrivent. Il devait leur faire son rapport sur la réunion des chefs de weyr suite à la première chute de fils.

C'est J'ay qui entra le premier dans la salle de réunion. R'bach ne s'en étonna pas. En fait, il était satisfait de voir ce chevalier arriver en premier car il voulait justement avoir une petite conversation avec lui.

"Bonjour chevalier J'ay. Je vous remercie d'avoir répondu si promptement à ma convocation. En fait, je voulais un peu discuter avec vous. Prenez.........."

R'bach fut soudainement coupé dans le flot de ses paroles. Erell venait de faire son apparition à l'entrée de la salle de réunion. Elle était resplendissante. Sa robe, son pendentif, sa coupe de cheveux, tout la mettait en valeur. A la place de son regard froid habituel, c'est des yeux emplis d'admiration qu'il posait sur la dame. Entre temps, cette dernière avait pris place et invité J'ay à faire de même.

R'bach reprit très vite ses esprits et reprit le fil des paroles qu'il avait perdu face à J'ay.

"Chevalier J'ay, je disais donc que je voulais justement avoir une petite conversation avec vous. Je sais que vous avez été surpris d'avoir été nommé chef d'escadrille par Dame Erell et vous devez certainement douter que sous mon commandement vous garderez ce poste. Cependant, j'ai étudié votre dossier sous toutes les coutures et je vous avoue qu'à mon avis la sanction qui a été prise contre vous n'est pas juste. En tant que chef d'escadrille, vous avez une part de responsabilité dans ce qui s'est passé. Mais ce que je sais aussi c'est que le chevalier blessé est connu comme une forte tête qui n'en fait justement trop souvent qu'à sa tête en dépit des ordres qui lui sont donnés. La plus grande part des responsabilités lui incombe donc. Erell a décidé de vous donner votre chance à Kyr'naël. J'ai également décidé de suivre sa décision car à mon avis, une seule erreur ne doit pas entraîner une sanction si radicale. Vous êtes un excellent élément et j'ai confiance en vous. Je suis persuadé que vous honorerez ma confiance."

R'bach se rassit au fond de son fauteuil et comme Erell, il plaça les mains sur les accoudoirs. D'être ainsi assi à côté d'elle lui provoquait un certain bien-être mais en même temps, il ressentait une sorte de malaise qu'il n'arrivait pas à comprendre. Son dragon, lui, savait parfaitement ce qui se passait.

{{Vous l'aimez comme j'aime Zaëlth. Laissez aller vos sentiments!}}

La seule réaction qu'eût R'bach à la réplique de son dragon fut de secouer la tête, tentant de repousser l'évidence que Dorignyth venait de lui énoncer.

J'ay s'apprêtait à prendre un siège, conformément aux ordres de R'bach, quand celui-ci s'interrompit en plein milieu de sa phrase. Déconcerté, l'ancien chevalier de Delani se raidit instantanément et tourna la tête pour identifier l'élément perturbateur. Naturellement, il ne lui fallut qu'une seconde pour reconnaître la Dame Erell. Comme R'bach, il la trouva magnifique, même s'il fit son possible pour cacher ses impressions ; en effet, dévorer la Dame du Weyr du regard, dans la salle de réunion qui plus est, était bien la dernière chose qui serait venu à l'idée de J'ay. Il avait conscience qu'Erell était hors de sa portée.

"Dame Erell..." souffla-t-il en inclinant poliment la tête.

Il jeta un discret coup d'oeil à R'bach pour juger de sa réaction, tout en tirant un siège pour s'asseoir non loin des deux Chefs. Dès que le maître de Dorignyth lui adressa la parole, l'ancien chevalier de Delani se raidit et se redressa un peu, presque inconsciemment, avant de plonger son regard dans celui du Chef. Ses sourcils étaient froncés, trahissant son inquiétude, et il serrait les dents, comme s'il s'apprêtait à encaisser un mauvais coup.

Vous devez certainement douter que sous mon commandement vous garderez ce poste...

Pas vraiment, non ! Tout au contraire, J'ay était surpris que le sévère R'bach ne conteste pas sa nomination. Cette capitulation trop facile le mit sur le qui-vive et il écouta avec attention le reste du discours.

Je vous avoue qu'à mon avis la sanction qui a été prise contre vous n'est pas juste...

Enfin quelqu'un qui le comprenait ! A Delani, tout le monde l'avait montré du doigt. Et encore, J'ay avait eu de la chance, car J'xay n'était plus au Weyr à ce moment-là !

J'ai également décidé de suivre sa décision car à mon avis, une seule erreur ne doit pas entraîner une sanction si radicale. Vous êtes un excellent élément et j'ai confiance en vous. Je suis persuadé que vous honorerez ma confiance.

J'ay resta silencieux un moment, pour être sûr que R'bach n'avait rien à ajouter. Une condition, une menace, ou quoi que ce soit d'autre. Une clause écrite en lettres minuscules en bas du contrat...

(Vous êtes un très bon chevalier. Il est normal qu'on vous confie ce poste. Le contraire serait étonnant !) commenta Lyroth, jamais avare de compliments.

Le bronze avait le chic pour flatter l'orgueil de son maître ; celui-ci d'ailleurs le lui rendait bien. Rassénéré, J'ay se détendit un peu.

"Je vous remercie de m'accorder votre confiance. Je veillerai à ne pas commettre d'erreurs" dit-il simplement.

Erell fut ravie de la réaction des deux hommes. Le silence qui s'etait soudainement établi avait fait son entrée et elle n'avait pas même eut besoin de frapper le sol de ses pieds comme aimait le faire son compagnon bronze. Néanmoins, elle ne le montra pas, marchant directement vers son siège et regardant J'ay avec un sourire pour le remercier de son accueil.

Et elle laissa les deux hommes parler. Si elle etait rassurée de voir que R'bach approuvait sa nomination, elle n'en montra rien. Les rapports que lui avaient transmit Zaelth sur la réunion à laquelle venait de participer R'bach etaient inquietant et elle attendait de savoir ce que son compagnon allait en dire. Mais pour cela, il fallait que M'lawn soit la. Elle se demandait ce qu'il faisait, cela ne lui ressemblait pas d'être ainsi en retard.

Elle fut rappelée sur Pern par la voix de J'ay.

"Nous n'en doutons pas Chevalier J'ay, Je tiens à préciser que je suis très heureuse que vous ayez choisit Kyr'naël et que j'espere que vous vous y plaisez."

Elle se leva soudain et s'adossa à la grande table, regardant d'abord R'bach, puis J'ay d'un oeil à la fois maternel et inquiet.

"D'autant plus que j'ai bien peur qu'un nouveau malheur ne frappe bientôt notre Weyr."

Elle regarda alors R'bach droit dans les yeux, comme pour le défier de les baisser et continua.

"Et nous aurons besoin de votre sérieux, de votre entrainement et de votre combativité."

Elle baissa les yeux et retourna s'asseoir. Zaelth ne disait rien...elle ne parlait pas beaucoup depuis le vol...Qu'est ce que Dorignyth pouvait bien lui raconter ? Le bronze allait il lui voler sa dorée ?

[Désolée pour ce message un peu médiocre mais après ma longue absence, j'avoue que je suis complètement larguée niveau scénar et chronologie ^^"]

M'lawn profita d'un petit trou dans son emploi du temps pour jouer avec Lawneila. Il ne se lassait pas du spectacle de ses boucles blondes, de ses yeux rieurs, de ses chants et de ses mimiques. Un véritable petit ange, un véritable trésor. Ainsi donc le sévère chef d'escadrille jouait avec une peluche-dragon, prenant une voix extrêmement grave et badaude pour amuser son enfant. Mais il s'était bien sûr assurer au préalable qu'il n'y avait nul témoin dans les parages à part Lawneila et son dragon.

Korenth leva d'ailleurs sa grosse tête bronze et braqua son regard azur vers son maître.
(Pardonnez moi de vous déranger..... Le maître de Dorignyth requiert apparemment votre présence dans la salle de réunion dans les plus brefs délais.)

Le chef d'escadrille soupira mais alla remercier son dragon avant d'expliquer à sa fille qu'il devait encore s'absenter. Il la ramena en larmes auprès de sa nourrice et eut bien du mal à la quitter, il ne supportait pas de la voir ainsi... surtout lorsque c'était de sa faute. Lorsque Lawneila fut enfin un peu calmée, il se rua dans les escaliers pour rejoindre au plus vite la salle de réunion. R'bach n'était pas du genre à aimer attendre mais dans sa vie, sa fille était aussi importante que son dragon et il refusait de la négliger encore plus que ses devoirs ne l'exigeaient.

Il posa la main sur la porte, frappa et entra doucement mais d'un pas fier et décidé comme d'accoutumée. Il rejoignit rapidement J'ay et les chefs de Weyr et les salua poliment.

"Bonjour R'bach, J'ay, Dame Erell. Veuillez m'excuser pour ce petit retard, j'ai fait aussi vite que j'ai pu lorsque Korenth m'a informé de cette réunion."

Erell avait bien deviné. Un nouveau malheur venait de frapper. Mais ce n'était pas uniquement Kyr'naël qui était touché, c'était la planète entière et toutes les forces capable de se lever contre ce fléau devaient absolument s'unir et agir ensemble.

"Ne me remerciez pas J'ay. Nous aurons besoin de chaque chevalier et de chaque dragon. Le genre d'erreur qui vous a sanctionné n'arrivera plus dorénavant car les chevaliers dragons n'auront plus de temps à perdre à de futilités. Les entraînements se feront sur le terrain avec un ennemi réél."

A ce moment, M'lawn fit son entrée et R'bach se leva pour l'accueillir et l'invita tout de suite à prendre place.

"Votre retard est excusé M'lawn. Vous ne nous avez pas fait trop attendre. Enfin, nous allons tout de suite entrer dans le vif du sujet. Comme vous le savez, cette nuit j'ai assisté à une réunion des chefs de weyr car les fils ont refait leur apparition. Les rapports qui nous ont été communiqués sont déplorables. Beaucoup de pertes on dû être comptées parmi les chevaliers et les dragons et bien entendu, les équipes au sol on dû faire face à une multitude de fils qui s'étaient enterrés. L'épidémie que nous avons traversée n'a en rien aidé les défenseurs de Pern. Les effecifs de tous les weyrs sont au plus bas, sans parler de ceux de notre weyr! Se battre contre des fils réels n'est en rien comparable aux jeux de printemps. D'ailleurs, la majorité des chevaliers ayant dû combattre en portent les stigmates. C'est tout simplement désastreux."

Il exagérait peut-être un peu mais perfectionniste tel qu'il était, R'bach avait eu beaucoup de peine à accepter les nouvelles telles qu'elles lui avaient été données.

R'bach se tut un instant, laissant le temps à l'assistance de digérer ce qu'il venait de leur annoncer. L'inquiétude du chef du weyr était presque palpable car rien dans les rapports qu'il avait reçus ne laissait présager de bonne nouvelle. Enfin, aux yeux de R'bach qui ne comprenait pas comment une telle débandade contre les fils avait été possible.

"Les chevaliers ne sont pas assez entraînés. Une majorité d'entre eux adopte une attitude personnelle, aux dépens de l'escadrille dont il fait partie. CE NE SERA PAS LE CAS À KYR'NAËL. Je veux des escadrilles soudées. C'est à vous chefs d'escadrilles de faire en sorte qu'aucune dissention n'existe entre vos chevaliers. Elles sont bien maigres mais lors de la première chute à laquelle nous devrons faire face, nous recevrons de l'aide de nos weyrs voisins. Pour devenir à chaque chute meilleurs contre les fils, les chevaliers doivent absolument combattre le plus souvent possible, sans s'épuiser. Notre devoir est celui de défendre la planète. Notre weyr aura une tâche d'autant plus difficile que nous protégeons des tribus de nomades éparpillées sur notre territoire. Mais nous y arriverons. J'ai confiance en vous, j'ai confiance en nos chevaliers, j'a confiance en notre weyr."

A ce moment, le chef du weyr laissa retomber un peu la tension. Il se servit d'un verre d'eau pour se rafraîchir la bouche. En parlant, la boule qui s'était formée dans sa gorge au moment où il avait appris toutes ces mauvaises nouvelles s'était grandement atténuée. Il se tut, attendant les réactions d'Erell et des chefs d'escadrille avant de continuer et de proposer quelles mesures étaient à prendre.

J'ay hocha distraitement la tête en entendant le commentaire poli d'Erell, même si l'image de Delani s'était immédiatement imposée à son esprit. Il n'avait rien contre Kyr'naël, mais pensait encore très souvent à son Weyr natal, avec une nostalgie qui lui ressemblait bien peu. Il détestait la sensiblerie, mais ne pouvait songer au domaine qui abritait ses parents, ses souvenirs d'enfance et ses anciennes amours sans un désagréable pincement au coeur.

Il salua M'lawn d'un simple signe de tête quand celui-ci fit son apparition, avant de reporter toute son attention sur R'bach. Les Fils étaient de retour. Après plusieurs centaines de révolutions d'absence. Bien sûr, J'ay avait déjà eu vent de leur réapparition, mais entendre des rumeurs et écouter le rapport détaillé du Chef de Weyr ne revenaient pas du tout au même. Bizarrement, la première pensée du chevalier bronze fut pour son petit frère. Faisait-il partie des pertes dont parlait le maître de Dorignyth ?

(Jallith est toujours vivante, à ma connaissance) rétorqua immédiatement Lyroth d'un ton neutre, comme si cette nouvelle était la plus inintéressante de Pern.

J'ay eut du mal à retenir un haussement d'épaules qui aurait paru insolent et choquant aux yeux des Chefs. Pourquoi pensait-il au gringalet en un moment pareil ? Que cet avorton soit vivant ou mort, quelle importance ?

A son sens, R'bach avait tout dit. Son discours était clair et complet. L'ancien chevalier de Delani se permit néanmoins un commentaire.

"Les nomades ont-ils tout de même à leur disposition des grottes ou d'autres habitations en dur pour se protéger contre les Chutes ? Loin de moi l'idée de mettre en doute les compétences dragoniques, mais je pense qu'hommes et bêtes ne devraient pas rester sous une Chute, exception faite, naturellement, des paires chevaliers et dragons, et des équipes au sol."

J'ay ne savait rien des habitudes nomades, et s'inquiétait un peu. Les cieux de Pern étaient devenus trop menaçants pour permettre aux tribus mobiles de passer leurs journées loin d'un toit digne de ce nom.

Erell n'était pas surprise. Les reines avaient leur propre reseau de communication et elle était au courant des chutes sur Azuria. Mais elle n'en connaissait pas les détails. Elle salua l'arrivée de M'lawn avec un sourire et le brillement de l'oeil qu'elle avait toujours lorsqu'un bon chevalier se présentait. Mais elle laissa R'bach parler.

Je ne suis pas surprise, en fait je le savais. Nous avons trois escadrilles incomplètes en tout et pour tout et une surface bien plus grande à protéger à cause des terres nomades.

Elle regarda J'ay en essayant de se rappeler des discourts de Lionel sur son peuple.

Il y a des grottes mais pas loin des paturages d'été. De plus les différentes tribus sont sur des territoires très stricts et toutes les grottes sont dispersées sur les terres des premieres et seconde tribus. La troisieme sera donc exposée.

Elle fronca les sourcils, inquiete. Elle était d'accord avec J'ay et aurait préféré ne pas savoir des familles entieres à l'extérieur lors des chutes mais à part changer totalement la politique d'un peuple entier, elle ne voyait pas comment faire !

C’est alors qu’une jeune fille fit son entrée dans la salle sans crier gare. Selenia déambulait dans le weyr depuis son arrivée avec K’rys mais elle avait perdu son ami du regard un instant et en le cherchant, elle n’avait réussi qu’à se perdre un peu plus. C’est alors qu’elle avait entendu des éclats de voix et avait poussé la porte dans l’espoir d’y trouver le jeune homme et était tombé sur ce qui semblait une réunion. Confuse, la jeune fille rougit violemment et bafouilla.

Euh… je…vous… désolée de vous déranger.

Et comme tous les regards convergeaient vers elle, elle perdit un peu plus ses moyens. A présent, ses jambes se mirent à flageoler et la rougeur ne voulait pas quitter son joli visage.

Euh…je crois que…je me suis perdue…Quelqu’un pourrait-il m’aider ? Je cherche K'rys ou bien un certain R'bach, le chef du weyr, je crois.

R'bach écouta attentivement les questions des chefs d'escadrille et de sa dame. Il avait tenté de tout prévoir mais certaines interrogations subsisteraient forcément.

"Je pense que le mieux c'est que nous allions trouver tous les chefs des clans nomades. A mon avis, nous ne devons pas envoyer des jeunes chevaliers. Nous devons y aller nous mêmes, ici présents dans cette salle. En premier lieu, j'ai pris cette décision par respect envers chaque chef de clan. Ils doivent être informés précisément de ce qui se passe et les chevaliers qui leur seront envoyés doivent absolument pouvoir répondre à chaque question qui pourrait survenir. Nous sommes donc les messagers les mieux placés. De plus, ça leur donnera une occasion de faire connaissance, non seulement avec vous, les chefs de chaque escadrille, mais également avec moi, leur nouveau chef de weyr."

Il se tut un instant et se tourna vers Erell, lui adressant un petit sourire discret.

"Je tiens également à ce qu'Erell nous accompagne car ils la connaissent tous. Elle est leur Dame de Weyr et il ne serait pas courtois, ni envers eux, ni envers elle, de l'écarter d'une mission d'une telle importance."

Etaient-ce les sentiments de Dorignyth envers Zaëlth qui le rendaient comme ça, R'bach ne le savait pas, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait car plus il parlait d'Erell, plus son coeur battait et plus il ressentait de fierté que ce soit son dragon qui ait remporté le vol nuptial de Zaëlth mais également d'être Chef du weyr aux côtés de cette merveilleuse femme.

Ces pensées furent très vite chassées de son esprit. En effet, une jeune fille totalement inconnue fit soudainement irruption dans la salle de réunion. De plus, elle dit qu'elle cherchait K'rys ou R'bach lui-même.

La colère monta très vite en R'bach. Personne ne lui avait été annoncé et il ne supportait pas d'être dérangé en pleine réunion par une personne qui n'y avait visiblement pas sa place.

"MAIS QUi ETES VOUS ET QUE FAITES VOUS LÀ?"

Le Chef du weyr n'avait pas pu contenir cet éclat de voix. Il était furieux. Il continua sur le ton glacial qui lui était coutumier lorsqu'il était dans une telle humeur.

"Je suis R'bach, le nouveau chef de ce weyr. Vous venez d'interrompre une réunion privée et dont l'importance est capitale. Elle ne vous concerne nullement car à ma connaissance, vous n'êtes pas chef d'une escadrille de ce weyr n'est-ce-pas?"

La colère débordait littéralement de R'bach. Il était devenu rouge et ses yeux lançaient des éclairs en direction de Sélènia. Mais comment cette jeune fille osait-elle ainsi impunément déranger les personnes les plus importantes du weyr?